Histoire de Tourriers!!

Sur un plan cadastral de Tourriers, datant de la deuxième partie du XVIIIème siècle, on note que le petit ruisseau "le loubier" prenait sa source près de l'actuel lavoir du Gardoire. Étymologiquement, le mot "loubier" est issu du latin "lupus", qui veut signifier loup.


PLAN CADASTRAL DE TOURRIERS DU XVIIème SIECLE*

*Photo Anaël Vignet en 2006 - Plan cadastral de Tourriers du XVIIIème siècle Archives Départementales de la Charente, 5 C 14 plans Tourriers.




1) LE VILLAGE DE FENÊTRE

Au sud de la commune, est situé le lieu dit "Fenêtre" qui est devenu aujourd'hui un village important.

Pour comprendre sa signification, il faut remonter au Moyen-Age, à l'époque où les forêts de la Boixe étaient beaucoup plus étendues qu'aujourd'hui.
 
Au Moyen-Age, on désignait sous le nom de fenêtre un petit espace dépourvu d'arbres au milieu d'un bois. Dans ces fenêtres, les paysans tendaient des pièges ou déployaient parfois des filets pour capturer les oiseaux. C'est dans une telle clairière que se sont édifiées les premières maisons du hameau primitif.

VILLAGE "DE FENÊTRE" AUJOURD'HUI

On peut imaginer qu'à l'époque des Santons et des Lémovices (peuplades celtes) et avant l'arrivée des Romains, l'actuel territoire de la commune de Tourriers était vraisemblablement inhabité et probablement couvert par une forêt. En effet, on imagine mal la présence récurrente de loups (ruisseau "le loubier") dans les rues d'un village, et le toponyme "Fenêtre", qui signifie en réalité clairière, prouve aisément la présence d'un espace boisé.

2) LE HAMEAU DE LA FAYE

L'existence du hameau de la Faye, situé lui aussi sur le territoire de la commune, vient conforter cette hypothèse. En effet, les étymologistes de ce début de XXIème siècle pensent que ce toponyme est un dérivé du latin "fagea", qui signifie hêtraie. On peut donc imaginer que les premières maisons du hameau primitif de "La Faye" se sont érigées dans un ancien bois de hêtres défriché.
 
Par ailleurs, Tout proche de la commune de Jauldes, il existe encore de nos jours les ruines du château de Fayolle. Fayolle et Faye ayant la même origine étymologique, on peut donc en déduire que là aussi, les lieux étaient très probablement boisés. A noter que les ruines du Château de Fayolle se situent géographiquement très proches des actuelles terres cultivées de Tourriers.

HAMEAU "LA FAYE" AUJOURD'HUI


3) LE VILLAGE DE BOUFFANAIS

Concernant le village de Bouffanais et d'après le dictionnaire étymologique des noms de famille écrit par Marie-Thérèse MORLET aux éditions PERRIN, l'origine des noms de famille Bouffanais ou Bouffanet viendrait du substantif "bouffet" dérivé du verbe "bouffer", qui signifie en Anjou souffler en gonflant les joues et par extension manger goulûment. Ainsi, la première maison du hameau primitif de Bouffanais aurait été habitée par une personne réputée à l'époque pour avoir un très gros appétit. Peut-être ...

 
Par ailleurs, au sein d'un texte datant du XIIème siècle et mentionné dans le cartulaire de Saint-Amant-de-Boixe publié par André DEBORD et édité par la SAHC (Société archéologique et historique de la Charente) en 1982, ce lieu-dit était écrit en latin "terra de bosfaneis". Ce mot latin, "bosfaneis" donc, pourrait être la composition des deux mots suivants : bosc et fan.

Selon Jacques DUGUET, le français bois et l’occitan bosc, de même sens, seraient issus d'un mot germanique qui se serait latinisé en boscum dans les textes du Moyen-Age. Les formes anciennes des noms de lieux montrent que "bosc" a été en concurrence avec "bois" dans la région. La frontière entre langue d'oc (au sud) et langue d'oil (au nord) est restée fluctuante pendant longtemps. Cette forme ancienne a évolué localement en bo et bou dans les toponymes où elle a été conservée.

Le mot fan, quant à lui, proviendrait du latin fanum, usité durant le Haut Moyen-Age pour désigner d'anciens temples romains ou des ruines considérées comme celles de temples. Bouffanais signifierait donc un ancien temple romain en ruines sur lequel la nature (les bois) aurait pris ses droits. Peut-être ...

LE VILLAGE "DE BOUFFANAIS" AUJOURD'HUI



Plus récemment, une nouvelle explication, peut-être plus plausible, est apparue. Bouffanais pourrait venir de bosc fani, c'est-à-dire le bois marécageux. Version corroborée par une réalité connue : la nappe phréatique de Bouffanais est peu profonde. Par ailleurs, d'après les différents cadastres de la commune de Tourriers, des plantes nécessitant beaucoup d'humidité ont été cultivées sur Bouffanais. Ainsi, le hameau primitif de Bouffanais se serait implanté à proximité d'un bois marécageux. Peut-être ...

4) LIEU DIT "LA GROSSE BORNE"

Au nord du bourg de Tourriers, au lieu-dit "La Grosse Borne", l'ancienne voie Romaine Saintes-Lyon croisait l'ancienne Nationale 10 (l'actuelle déviation de Tourriers fut mise en service en octobre 1987).

 
Du fait de la proximité de cette ancienne voie Romaine, Tourriers fut très probablement un lieu habité dès l'époque gallo-romaine. Cette voie Romaine, appelée voie Agrippa, était un axe important de la Gaule Romaine, puisqu'elle reliait Lyon, la capitale des Gaules, à Médiolanum (Saintes), une des plus importantes agglomérations de la Gaule Romaine occidentale de l'époque.


Voie Agrippa_photo de mediolanum-santonum.fr


Le nom même de Tourriers proviendrait peut-être de cette période de notre histoire. En effet, Tourriers pourrait être l'héritière de l'ancienne villa Taurisii. Le village se serait alors développé à partir du domaine de Taurisius, un riche propriétaire terrien de l'époque gallo-romaine. Cette explication étymologique n'est cependant pas figée. Elle n'est pas certaine. Par contre, l'explication fantaisiste des étymologistes du XIXème siècle est aujourd'hui définitivement écartée. Ceux-ci pensaient que le nom de Tourriers était issu du grand nombre de tours de veille insérées dans le mur d'enceinte du château médiéval.
 
Dans les années soixante, un agriculteur de Tourriers découvrit par hasard, dans une parcelle de la zone cadastral dite de Pouillac, des vestiges de cette époque antique : à environ 0,50 mètre de profondeur, deux murs parallèles, long de 30 mètres et distants l'un de l'autre de 20 mètres, d'orientation nord-sud et construits en calcaire local. Peut-être les restes d'une ancienne villa gallo-romaine ...

Dans la partie basse de la parcelle, un bassin en dalles calcaires a également été dégagé. Celui-ci alimenté par un caniveau large de 0,30 mètre, aussi aménagé avec des dalles calcaires taillées et jointoyées. Il s'agit très probablement de l'aménagement de la source d'un ruisseau, alors affluent de la rivière Argence. Des tessons de céramique antique et des tuiles ont été recueillies dans le caniveau. Là aussi, les archéologues pensent qu'il s'agit certainement de vestiges de l'époque gallo-romaine.
La voie Agrippa servit pendant longtemps aux relations commerciales est-ouest et vice-versa. C'est peut-être pour cette raison que fut construite au Moyen-Age (Xème ou XIème siècle), une importante fortification dont le mur d'enceinte se développait sur environ 800 mètres de long, et qui fut le siège d'une châtellenie, puis d'une baronnie. Un fossé de 10 mètres de large, au niveau du sol, de 7 mètres à la base et de 3 mètres de profondeur, précédait le mur. La superficie intra-muros était d'environ 4 hectares. Aujourd'hui, il ne reste du château que quelques bâtiments, dont l'un comporte une belle salle voûtée au rez-de-chaussée. Ces vestiges se trouvent aujourd'hui derrière le siège social de la Communauté de Communes de la Boixe, situé au n° 10 de la Grand'Rue.

La châtellenie de Tourriers appartenait alors à une famille qui, au XIIIème siècle, n'avait pas encore adopté de nom patronymique. Ce dont on est sûr, en tout cas, c'est de l'existence d'une transaction passée entre Pierre BAUDRAN, chevalier et seigneur de Tourriers, et Guillaume SEVIN, seigneur de BALZAC, et ce, le 25 novembre 1261. De la teneur de cet acte écrit, on sait ainsi que ce Guillaume SEVIN, prêtait serment de fidélité à ses suzerains, l'évêque d'Angoulême de l'époque et notre Pierre BAUDRAN, seigneur de Tourriers.

On sait également qu'en 1331, André DE CHAUVIGNE, seigneur de Tourriers, jouissait du péage de Montignac-Charente. Il y avait également à cette époque là une aumônerie qui semblerait remonter aux fondations faites dans la région par l'abbaye de Saint-Cybard. L'abbaye distribuait des secours dans cette aumônerie, y recueillant des malades, des pélerins-jacquets et des mendiants. L'aumônier, qui en touchait les revenus, avait la charge d'en entretenir les bâtiments et le mobilier, et de pourvoir aux besoins spirituels et surtout temporels des pauvres qui s'y réfugiaient. On ignore aujourd'hui où cette aumônerie se situait précisément.

A la fin de ce même siècle, le 13 janvier 1399, Guy DE LA ROCHEFOUCAULD acheta le château et la châtellenie de Tourriers, moyennant la somme de douze cents livres en or. La famille DE LA ROCHEFOUCAULD conserva Tourriers jusqu'à la Révolution Française. Entre temps, lorsque LA ROCHEFOUCAULD fut érigée en duché-pairie, la châtellenie de Tourriers, devenue baronnie, fut comprise dans le duché et releva ainsi directement du roi de France.
Dès le Moyen-Age, peut-être à partir de 1340 ou 1350, le château de Tourriers fut inhabité et par conséquent, non entretenu, ce qui explique aisément le peu d'importance des actuels vestiges.

Après la guerre de Cent ans, durant la seconde moitié du XVème siècle, un prieuré, portant le nom de Saint-Hilaire de Tourriers, fut créé par l'abbaye de Saint-Cybard d'Angoulême. Ce prieuré ne fut jamais très important et on ignore même où il se situait exactement sur le territoire de la commune.
Toujours sur le plan cadastral du bourg de Tourriers, datant de la 2ème moitié du XVIIIème siècle et retrouvé aux Archives Départementales courant 2006, on remarque de prime abord la route royale, très large, qui dessine un virage pour contourner la motte médiévale où se trouvait autrefois le château.

Le cours d'eau actuel prend sa source à la fontaine du Loubier qui devait autrefois alimenter les fossés en eaux. Cette canalisation existe toujours aujourd'hui, notamment à ciel ouvert, au niveau du lavoir du Gardoire. Le ruisseau issu de cette source se nommait donc au XVIIIème siècle le Loubier, appellation oubliée par la mémoire collective, puisqu'aujourd'hui, ce petit cours d'eau ne porte aucun nom sur le cadastre communal.
Se démarque également la petite église paroissiale, de forme rectangulaire et orientée vers le levant. Son ancienne entrée est située sur le flanc nord (à présent murée), et donnait directement vers l'accès au château.

Un peu plus au sud, accolée au cimetière (aujourd'hui place de l'Ancien Cimetière), se distingue une bâtisse de forme rectangulaire. Ce pourrait être une église paroissiale. Ainsi, l'actuelle église Saint-Hilaire correspondrait à l'ancienne chapelle castrale (c'est-à-dire du château). Des recherches universitaires permettraient peut-être de compléter, préciser et valider cette hypothèse.

On ne sait pas exactement jusqu'à quelle époque l'ancienne voie romaine Saintes-Lyon servit véritablement aux relations commerciale, mais il est fort probable qu'au XVIIIème siècle, cet axe n'était plus très emprunté, Tourriers étant alors un village relativement isolé.

En observant les cartes routières de Messieurs ROBERT, CASSINI et DUCHEMIN, géographes du roi Louis XV, on remarque que le principal axe nord-sud passant dans notre région vers 1750 était la fameuse route des postes qui, entre Vivonne (département de la Vienne) et le hameau de "Pont-à-Brac", ne correspondait pas du tout à l'actuel tracé de la route nationale N°10. Cette route des postes (ou route de Paris en Espagne) traversait en effet les villages de Villefagnan, Aigre, Gourville, Saint-Cybardeaux, Châteauneuf, avant de rejoindre l'actuel tracé de la route nationale N°10 au hameau de "Pont-à-Brac", à quelques encablures au nord de Barbezieux.

C'est à partir de la Régence de Philippe d'Orléans (1715-1723) que les maires et échevins d'Angoulême commencèrent à faire valoir l'utilité d'une poste à Angoulême même, du fait de l'importance croissante de cette capitale de province. Commerçants intra et extra-muros d'Angoulême appuyèrent également cette revendication pendant une grande partie du XVIIIème siècle...

Mais ce n'est en août 1760, sous le règne de Louis XV, qu'il fut décidé de façon ferme le déplacement vers l'est de l'itinéraire de la route des postes et ce, entre Poitiers et Bordeaux.

C'est ainsi que peu après, courant 1761, fut percée et construite cette nouvelle route royale de première importance qui passa désormais par Ruffec, Mansle, Tourriers, donc, Angoulême (quartier de Port l'Houmeau) et Roullet, avant de rejoindre la route des postes primitive au hameau de "Pont-à-Brac" situé sur l'actuelle commune de Nonaville.
Cette nouvelle route royale changea radicalement et durablement la vie économique du bourg de Tourriers, jusqu'à cette époque-là essentiellement rural. Les nouvelles constructions s'étendirent alors gracieusement de part et d'autre de la belle route de Paris bordée d'arbres, et la bourgade prit progressivement l'aspect d'une petite ville. Le bien-être, l'élégance et les diverses activités économiques y devinrent plus sensibles qu'aux alentours.

Sous le Second Empire (1852-1870), alors que la route royale de Paris en Espagne était devenue la route impériale N°10, Napoléon III favorisa le libre-échange économique entre la France et les pays étrangers. Un traité de libre-échange fut ainsi signé le 23 janvier 1860 entre la France et l'Angleterre.
Ce fut alors une aubaine pour les expéditions de Cognac, dont l'Angleterre était alors le premier pays importateur. Au-delà même de l'Angleterre, le marché du Cognac s'étendit à tous les pays du Commonwealth et aux nombreuses colonies britanniques de l'époque.

Bien entendu, les viticulteurs de Charente et de Charente-Inférieure profitèrent très largement de cette embellie économique et, sachant qu'à l'époque, les impôts sur le revenu n'existaient pas, le niveau de vie des viticulteurs fit un grand bond en avant. Les cultivateurs Tourriérois ne restèrent pas en marge de ce phénomène puisque, d'après les matrices cadastrales réalisées en 1865, Tourriers comptait sur son territoire un peu plus de 400 hectares de vignes, ce qui était considérable compte tenu de la superficie totale de la commune, soit 930 hectares.

Un historien local du début du XXème siècle, très probablement contemporain du Second Empire et de l'épouvantable crise phylloxérique qui suivit, écrivit vers 1905 que les vignes de Tourriers produisaient autrefois d'excellents vins rouges, très appréciés dans les départements du centre de la France.

Néanmoins, et même si on n'a pas retrouvé de vestiges d'alambics dans les fermes de la commune, on peut supposer qu'une grande quantité de vin blanc produite sur la commune était alors destinée à la double distillation dont est issu le Cognac. Il y avait au XIXème siècle beaucoup de bouilleurs ambulants dans la région, et il n'est pas exclu que certains d'entre eux stationnaient régulièrement chaque hiver dans les cours de ferme des cultivateurs de la commune, pour y brûler les vins blancs issus des vendanges d'octobre. A noter à ce propos qu'au village de Bouffanais, tout près du hameau de "Chez Ravon", existait autrefois un bâtiment que les Anciens appelaient "la Brûlerie". Ce bâtiment abritait-il jadis un ou plusieurs alambics fixes, ou bien servait-il d'abri au bouilleur ambulant qui venait y distiller les vins des cultivateurs de "Bouffanais" et de "Chez Ravon" ? ... On ne le sait pas. Ce bâtiment, non entretenu pendant longtemps, fut définitivement démoli vers 1995.

A partir des années 1875 à 1880, le phylloxéra fut un véritable fléau pour toutes les communes agricoles de la région, dont Tourriers bien sûr, car en l'espace de deux ou trois ans, les vignes crevèrent définitivement. L'équation était simple : plus de vignes = plus de vin = plus de revenus. La situation économique et financière des nombreux cultivateurs Tourriérois devint alors très précaire. Pour beaucoup de familles vivant jusqu'alors de la viticulture, ce fut alors un véritable drame.
Pour l'ensemble du vignoble charentais, couvrant grosso-modo le département de la Charente-Inférieure et le département de la Charente (sauf la Charente dite Limousine), la superficie totale des vignes passa d'environ 280 000 hectares en 1877 à moins de 40 000 hectares en 1893. Ces chiffres sont assez évocateurs de l'ampleur du drame économique et social qui eu lieu dans notre région durant le dernier quart du XIXème siècle. Outre l'agriculture, cette crise phylloxérique entraîna la faillite de nombreux négociants en vin et en cognac.

Les destinées des cultivateurs-viticulteurs furent assez contrastées. Certains réalisèrent assez rapidement qu'il leur fallait changer le fusil d'épaule et se mirent rapidement à cultiver des céréales et ce, pour continuer à faire face aux besoins de la vie quotidienne et à vivre de leurs biens au soleil, leurs précieuses terres. C'est ce qui se produisit à Tourriers...

On sait également que beaucoup de cultivateurs se trouvèrent très vite complètement dépassés par cette crise phylloxérique (on peut aisément les comprendre) et littéralement ruinés en l'espace de quelques années. Ils furent contraints et forcés de vendre leurs biens (maison d'habitation, bâtiments d'exploitation, chevaux, bœufs, matériel agricole, chais, fûts et tonneaux désormais vides, et bien sûr leurs précieuses terres qui les avaient fait vivre jusqu'alors ...) et de partir vers les villes, où la révolution industrielle battait son plein. Plus qu'économique, ce fut un véritable drame humain ...

A qui ces malheureux cultivateurs vendirent-ils leurs biens ? ... Et bien très souvent à des paysans vendéens qui, poussés par la misère, quittaient à cette époque là leur terre natale. Or, ces paysans vendéens, surnommés alors les "ventre-à-choux" (ils ne mangeaient donc pas beaucoup de viande), n'étaient à l'époque pas réputés pour rouler sur l'or. Ce qui est sûr, c'est qu'ils avaient un niveau de vie très inférieur aux cultivateurs charentais, notamment sous le Second Empire (1852-1870) et au tout début de la IIIème République, à partir de 1870.

Ces paysans vendéens étaient donc des gens de peu, mais ils furent souvent capables d'acquérir ces anciennes riches propriétés viticoles charentaises avec leur petit pécule et ce, à des cultivateurs charentais très endettés et dont les terres, phylloxéra oblige et malheureusement pour eux, ne valaient plus grand-chose.
C'est ainsi que progressivement, en cette fin de XIXème siècle, une grande partie de l'économie agricole charentaise se réorienta vers l'élevage des vaches laitières et la culture des céréales.

Ici, sur la commune de Tourriers, les cultivateurs sont presque exclusivement céréaliers depuis cette époque-là.
Bibliographie et remerciements : ouvrage "Atlas historique des routes de France", de Georges Reverdy. Ouvrage "Carte archéologique de la Gaule - La Charente" de Christian Vernou, Claudine Vernou-Magister et José Gomez de Soto. Ouvrage "Origine des noms de villes et villages de Charente", de Jean-Marie Cassagne et Stéphane Seguin. Ouvrage "Nom des lieux des Charentes, Introduction à la toponymie", de Jacques Duguet. Ouvrage "Villefagnan, son Histoire", du Docteur Sauteraud. Ouvrage "Le Révérend Père Jean-Baptiste de La Brosse", d'Alexandre Chambre. Publications périodiques de la section "Jadis" de l'association " Au fil du temps, le canton de Saint-Amant-de-Boixe", en particulier les revues "Jadis" n° 1 et n° 5, où sont parus l'article "Les vestiges de Tourriers", écrit par Bernadette Maltat et Georges Voisin, d'une part, et l'article "Le bourg de Tourriers au XVIII ème siècle", écrit par Aurélie et Anaël Vignet, d'autre part.

Merci à Fabrice Bouffanet, dont le patronyme est phonétiquement identique au village de Bouffanais, et qui, dans le cadre de ses recherches sur la signification de son nom de famille, nous a précieusement aidés à émettre les différentes hypothèses sur l'étymologie du nom de Bouffanais. Merci également à Anaël Vignet de la photo du plan cadastral de Tourriers du XVIII ème siècle ( cliché réalisé en 2006 aux Archives Départementales de la Charente ) et à son épouse Aurélie Vignet, qui nous a gracieusement cédé ses droits d'auteur liés à son dessin schématique d'après cadastre. Nous remercions en particulier Madame Louradour, qui nous a prêté gracieusement le plan de l'enceinte du village fortifié de Tourriers, réalisé par son père, Jean Galloux.

Jacques Bouché Samedi 14 mars 2009

Tourriers : les vestiges injustement méconnus du château médiéval

Baptiste PELLETIER, 25 ans, enfant du pays et doctorant en archéologie médiévale est venu étudier le bâti de l'ancien château de Tourriers. Durant deux semaines, du 13 au 24 février 2023, entouré d'une douzaine d'étudiants en archéologie de plusieurs universités françaises, Baptiste PELLETIER a enregistré plus de 500 éléments qui seront modélisés en 3D. Et analysés, bien sûr !

Fenêtres,parements, systèmes de verrouillage, trous de boulin : tous ces éléments de maçonnerie vont permettre d'étudier l'évolution du site, depuis sa fondation à aujourd'hui, pour en comprendre l'histoire et les affectations successives.

Sur un mur de la salle située au-dessus de la voûte, des traces de peinture rouge ont été mises à jour. D'après les textes, on sait que les seigneurs de Tourriers ont résidé ici à temps plein jusqu'à la fin du XIII° siècle.

La vocation militaire du lieu a été abandonnée à la fin du XV° siècle. Le bâtiment avait déjà une vocation agricole aux XVII° et XVIII° siècles.

La grande actuelle, aux dimensions impressionnantes de 24 mètres de long sur 8 m de large et 14 m de haut, pourrait peut-être correspondre à la grande salle d'apparat du château.

Bref ! Il s'agit plutôt ici plus d'une étude du bâti que des fouilles à proprement parler. Cette étude entre dans le cadre de la thèse de Baptiste PELLETIER consacrée au "réseau castral seigneurial et chevaleresque dans le nord-ouest de l'Angoumois".

A l'issue de l'analyse de toutes les données collectés, il y aura bien évidemment une restitution au grand public. Puis probablement un article dans notre revue d'histoire "JADIS". Pour information, le numéro sorti en décembre dernier est en vente à la boulangerie de Tourriers.

Contrairement à ce que pensent les automobilistes qui traversent le bourg sur l'ancienne N10 (depuis octobre 1987) sans s'y arrêter, Tourriers n'est pas un village-rue, comme peuvent l'être par exemple La Chignolle, Churet ou bien encore Les Nègres. L'origine de notre agglomération est en réalité une motte castrale avec son château.

Jusqu'en 1760, Tourriers est un petit village un peu isolé dans la pampa charentaise. C'est à partir de cette année là que l'intendant TURGOT exige que la route royale des postes de Paris en Espagne passe désormais par Mansle, Tourriers, Churet, Angoulême, Roullet. Cette nouvelle route royale rejoint l'ancien tracé au lieu-dit "Pont-à-Brac" situé sur la commune de Nonaville, à quelques encablures au nord de BARBEZIEUX.

C'est à partir de ces années-là (1760, 1761, 1762 ...) que charrons, aubergistes, relais de chevaux, voituriers, cabaretiers, etc ... viennent faire construire leur maison au bord de cette nouvelle route royale très passagère, désormais source de revenus pour eux.

Je suis absolument ravi qu'un jeune archéologue (et enfant du pays) s'intéresse enfin aux vestiges de notre ancien château médiéval !... Dans la grande salle située au dessus de la voûte, existait jadis une "aula", c'est-à-dire un palais où vivaient les membres de la cour. Des traces de peinture rouge ont été trouvées sur un mur de "l'aula".

On en saurait beaucoup plus sur ce château de Tourriers si les archives du château de La Rochefoucauld n'avait pas brûlé pendant la Révolution Française. En effet, ce château de Tourriers a appartenu à la famille de la Rochefoucauld de 1399 à 1789, soit pendant presque 400 ans.

Jacques BOUCHÉ - mars 2023